Classe de Latin (suite): Journal de bord de Titus

Publié le par CDI F. Dolto

RAPHAEL, LOUP ET NOE ont imaginé le journal de bord d'un soldat romain en route pour la Gaule...

Partez à l'aventure ... !

Il faisait beau, j'avais chaud, le soleil se reflétait sur mes épaules ruisselantes de sueur. Je maintenais la charrue tirée par deux boeufs musclés, quand je vis arriver sur une vieille mule qui avait trop vécu mon ami Titus. Ce n'était pas habituel. Je courais à sa rencontre quand il me dit:

-Prends tes affaires, ta mule et suis moi à Rome, César part en Gaule!

-En Gaule? Notre belle Italie n'est pas assez grande...

-La folie des grandeurs ne se soigne pas!

-J'ai une femme et un fils maintenant. Je ne sais pas si je vais venir.

-Mars ne te le pardonnera pas...

-Titus, tu sais très bien que je vais venir, mais laisse- moi quelques instants.

Après avoir rempli mon lourd sac et embrassé ma femme je partis d'un pas mesuré. Nous marchions à coté de l'âne, trop fatigué pour nous porter. Nous étions inlassables, infatigables. Trop pauvres pour nous plaindre. Le cuir de nos sandales nous lacérait les pieds tel un fléau irréparable. Nous avions terriblement chaud, mais notre petite tunique en lin était notre seul alliée contre une migraine certaine. Nous croisâmes beaucoup d'hommes, tous sales, fatigués et comme nous inlassables.


Nous arrivâmes durant la matinée à la frontière de Rome. Titus avec qui j'avais parcouru le voyage était fou de joie. Lui qui s'était plaint durant tout le voyage à cause du poids de son sac ne le sentait presque plus. Il était vrai qu'il était très lourd. On nous avait chargé de tout notre équipement de survie et on allait nous fournir nos armes au camp Praetorium où nous allions passer une semaine . Le camp était entouré d'une palissade et d'un large fossé. On nous présenta notre centurion. On fit l'appel et on nous attribua notre tente. Par chance, je fus dans la même que Titus. On était une douzaine dans la tente et on s'était mis d'accord pour les corvées d'hygiène. On commençait à préparer nos lits quand on nous appela pour notre ration de pain et de soupe. Pendant le repas on nous informa qu'on allait nous distribuer notre armement le lendemain et que par la même occasion, on allait commencer nos exercices d' entraînement. Après avoir nettoyé ma gamelle, je retournai à la tente pour aller, enfin, me coucher. Le lendemain on nous réveilla aux aurores grâce au clairon. On se dépêcha pour s'habiller et pour déjeuner. On nous appela enfin pour nous distribuer notre armement: une lance, une glaive et un bouclier. On alla ranger le matériel dans notre tente puis on se rassembla devant la tente principale. Notre centurion sortit et il nous annonça notre programme pour la journée. Pour commencer, nous attendaient deux heures de marche au pas de course.


C'était le grand jour. Après une longue nuit à transpirer dans nos petites tentes où nous étions tous entassés, le clairon résonna. Le soleil pointait ses premiers rayons de soleils, mais l'atmosphère était pourtant déjà étouffante. Dans le camp, la plupart des soldats était déjà levés et discutaient tout en préparant leurs affaires. Dix minutes plus tard, le camp serait levé. Il nous fallut, à Titus et moi, quelques instants pour nous sortir de la torpeur matinale. Le camp commençait maintenant à s'activer, les hommes criaient, couraient et les bêtes mugissaient et trépignaient. Tout à coup, le son du clairon indiquant l'appel retentit. Immédiatement, touts les hommes armés se regroupèrent en plusieurs lignes, par bataillons. Le général Lucius prononça un discours bref, et harangua les troupes. Il parlait de la vertu, de l'honneur du combat , de la victoire et de nos barbares d'ennemis : Les Gaulois menés par l'Arverne Vercingétorix. Il se tut et ordonna le départ. Comme un seul homme, les soldats s'emparaient de leurs sacs et effets personnels et s'avancèrent sur les chemins tortueux de la campagne pour une longue marche forcée de huit heures.

Après cette marche éprouvantable et interminable, nous arrivâmes à la première étape du voyage, une lisière de bois déserte. Le camp fut monté en trente minutes, puis, environ autant de temps plus tard, l'heure du soupé fut sonnée par le clairon. Que ce soient les hommes ou les bêtes, tout le monde était exténué, c'est pourquoi la plupart des soldats qui n'étaient pas de garde ce soir allèrent se coucher.

Au milieu de la nuit, un homme à la mine ensommeillée me tira de mes rêves en m'assenant un petit coup de pied sur le mollet. Je me réveillai en sursaut :
-C'est à ton tour de monter la garde, dans la zone Nord, bonne nuit !


J'enfilai mon armure, prit ma lance et une couverture puis montait au mirador en haut duquel je devait me poster pour scruter les environs. La nuit passa sans encombres, et au petit matin, le camp fut démonté et toute l'armée se remit en marche. Cette fois-ci, nous n'étions pas tout à fais remis du dernier voyage, et nous n'avions pas énormément dormis cette nuit. Pour passer le temps, je m'amusais à imaginer des scènes de batailles dans les paysages que nous traversions. Je me voyais , aux côtés de mes compagnons d'armes, fier sous ma cote métallique, combattant une horde de sauvages vêtus de peaux d'animaux et affublés de barbes hirsutes, brandissant au dessus de leurs têtes toutes sortes d'armes improvisées. Ou alors essuyant une salve de flèches grâce à l'aide de nos boucliers.

Nous arrivions enfin à notre première grande halte. Nous attendions ce moment depuis si longtemps que le dernier kilomètre fut une partie de plaisir. Tout le monde discutait riait, enfin quelques heures pendant lesquelles nous avons peut décompressé.

Après une petite heure de marche dans une forêt nous débouchâmes sur une clairière d'environ 25 hectares.

Après avoir fait une petite pause et avoir bu de l'eau, nous entendîmesla trompette sonner le rassemblement. Cet arrêt nous avait redonné du coeur à l'ouvrage. Des hommes, peu chargés, couraient distribuer les ordres à tout les hommes. Nous devions, d'après notre « messager », finir le camp avant le coucher du soleil. Cela me paraissait un peu extravagant mais à ma grande surprise les constructions avançaient à grands pas. Notre centurie devait couper les arbres tout autour de la clairière et tailler leurs extrémités en pointes. Nous étions équipés de grandes hâches et de scies qui nous permettaient de travailler efficacement. Au moment ou le soleil disparut enfin derrière les grands pins, des hommes munis de torches nous éclairâmes pendant que nous nous dirigions vers les grandes murailles. L'armée romaine était encore une fois largement remontée dans mon estime. La rentrée dans le camp fut majestueuse, notre fatigue s'envola tant nous étions émerveillés. Les murailles était entouré d'un large fossé de plusieurs mètres qui n'était franchissable que grasse à un large pont au centre de la clairière. Le camp, qui devait mesurer pas loin d'une demie centurie (= 23 hectares) était parcouru de grandes rangées de tentes; tout était symétrique, tout était parfait. Malgré mes inquiétudes nous nous accoutumâmes très vite à cette vie. Rien n'était dû au hasard, tout était réfléchi. Par exemple, la place du camp avait été déterminé grâce à des critères très précis ; il se trouvait à proximité de l'eau, et du fourrage. En plus de cela, afin de permettre une organisation rapide, la vie quotidienne était supervisée par des supérieurs qui eux même étaient supervisés. La force de cette armée était sans aucun doute la discipline.

Un soir notre centurion nous annonça que la bataille approchait mais que pour des raisons d'efficacité il nous voulait en pleine forme. On nous accorda donc cinq nuits. Cette pause fut pour nous l'allégement d'un énorme poids. L'accumulation de tension due à la peur du lendemain et de la fatigue qui nous assaillait s'envola quasiment pendant ce laps de temps. Enfin, ou déjà, le grand jour arriva. J'étais, comme la plupart des hommes, épuisé. La nuit fut très courte, je n'avais pas réussi à fermer l'oeil. Chacun savait où aller, chacun savait quoi faire. En quelques heures nous étions en marche et avançions vers la future bataille.

Je crains, malheureusement, ne plus pouvoir écrire pendant quelques jours car notre supérieur nous avait prévenu que la marche ne serait pas de tout repos.


Je peux enfin écrire. Pour tout dire cela fait plusieurs jours que je n'ai pas eu une minute à moi. Je n'ai que peu dormi, mangé, et j'ai marché! Notre centurion nous appelait ses « mules ». Un nom aucunement infondé.

Enfin, apres avoir marché, marché et encore marché une trompette sonna. L'habitude: nous nous arrêtions au son de l'instrument qui n'en était plus un à force de l'entendre.

Nous marchâmes encore quelques minutes et enfin, un soupir traversa toutes les troupes. Nous arrivions sur les lieux d'une future bataille, un endroit dans lequel nous allions peut être mourir ou voir nos amis tomber au combat. Bizarrement ce n'étais pas de la peur que nous ressentions, mais plutôt du soulagement. Un immense soulagement qui nous faisait revivre. Je compris enfin ce qui nous unissaient dans ce voyage. C'était bien entendu la joie, la joie de survivre, la joie d'être encore tous les soirs ensemble. Même s'il y avait des moments durs le fait d'être ensemble nous ravivait tous. Le fait même qu'un compagnons de marche dont je ne connaissais même pas le nom avait partager le reste d'eau qu'il avait préservé m'avait mis aux anges. Je souriais, je marchais peut-être vers ma fin mais je souriais.


Nous marchâmes quelques minutes jusqu'à être en vue de notre but : Alésia.
Alésia était le camp Gaulois, il était bâti en bois, en haut d'une colline, et l'on pouvait apercevoir de la fumée qui s'échappait d'un probable feu. Nos ennemis étaient sans doute en train de fabriquer des projectiles ou bien simplement de la nourriture. Notre Centurion nous informa enfin de la stratégie que nous allions employer. Il s'agissait de tenir un siège, nous allions construire des remparts en bois, avec des miradors, pour venir à bout des ressources du camp adverse. Car, comme ils étaient cloîtrés en haut de leurs colline, ils ne pourraient pas partir chasser ni chercher a manger.

Quelques soldats, avides de se battre, protestèrent brièvement. Le Centurion asséna : «  Ne vous inquiétez pas mes chèrs gaillards, réservez votre énergie, votre soif de sang sera amplement remplie plus tard ! » Cette idée me fit froid dans le dos, dire que j'allais peut être perdre ce que j'aimais le plus, comme ma chère femme ou mon petit, mon fils. Puis il y avait aussi mon grand ami Titus qui me ferait, je pense, toujours autant rire ! Titus me rappela à l'ordre en me secouant un peu car la nuit arrivait et j'étais justement le premier pour les rondes de nuits.

Le lendemain matin, notre Centurion nous indiqua nos activités pour la journée qui s'annonçait déjà: construction d'un fossé d'environ une perche ( 2,956m) sur une double perche. Puis, comme si cela ne suffisait pas, sur environ une longueur d'arpent ( 35,568m ), on devait planter des branches d'arbres de biais aiguiser au bout. Par chance, Titus fut placé avec moi dans le groupe qui devait creuser le fossé et en plus j'avais déjà l'habitude de la position on l'on était grâce à mes entraînement sur mon champ lors des moissons. Il nous annonça aussi vivement de faire attention au jets d'objets qui pouvaient être lancés depuis le camp sur nous. Nous nous mîmes directement au travail. Au bout de quelques jours, on avait fini notre travail et selon notre Centurion, il ne nous restait plus qu'à attendre. Réellement, je ne voulais pas me battre, j'avais peur de mourir. Par contre Titus ne pensait qu'à ça.

Le jour crucial arrivait, nous étions armés jusqu'aux dents! On avança jusqu'à environ deux arpents du camp et on était dans la formation en tortue. Les autres camps étaient postés aux autres entrées d'Alésia. Notre Centurion qui était alors à cheval et qui portait sa plus belle armure nous annonça : « A l'attaque !!! ». Un bélier pour forcer la porte principale de l'aile gauche fut mit en place et au bout d'une dizaine de coups, la porte céda. On chargea ! La bataille fut mémorable mais lorsque

Titus chancela, je m'écroulai de peine et comme par miracle j'évitai mes ennemis qui me croyaient mort.

La victoire était pour nous mais la rentrée au camp fut extrêmement difficile.    

Publié dans ECRIRE

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